Le Jazz, moyen d'expression privilégié des Noirs américains

Introduction
Les afro-américains ont crée le jazz en mélangeant leurs cultures traditionnelles et toutes les influences que les Etats-Unis ont pu leur apporter. Le style New-Orleans est la première musique noire a s'être fait connaître tout autour du monde. Les années 1920 et 1930 on fait du New-Orleans un musique populaire mais la ségrégation est là (les noirs jouent pour les blancs). C'est une musique de fête, jouée par beaucoup de musiciens en même temps. Nous la considérons comme un jazz peu organisé.

Contexte Historique de l’époque : La Ségrégation

Pour commencer, « historiquement, le jazz est apparu, au lendemain de la première guerre mondiale, comme le mode d'expression privilégié du groupe négro-américain : c'est l'expressivité de ce groupe et ses tendances profondes qu'il traduit ; et se sont les structures musicales crées ou empruntées par lui qu'il utilise. »(Encyclopaedia Universalis). « Le jazz est un peu le drapeau de la population noire, un de ses moyens d'expression privilégié, une manifestation de son intelligence, de son génie, reconnue dans le monde, une garantie de sa dignité, de son devenir social, un des lieux enfin où les Noirs sont chez eux. »(Sportis, 1990).
Celui-ci intervient dans la vie quotidienne des Noirs américains.
Ainsi, le jazz, création typiquement noire américaine, va être utilisé pour redonner une identité aux Noirs américains et leur rappeler leur histoire, leur combat, leur souffrance.
Le jazz a toujours été très proche de l'histoire des Noirs et les instruments y sont moins étudiés en fonction de leurs données spécifiques que de leurs possibilités expressives. C'est pourquoi il n'est pas étonnant que le jazz soit un terrain propice pour exprimer les révoltes et les inégalités.
De plus, la situation du jazz dans les années soixante est la même que celle des Noirs américains, c'est à dire, pour reprendre le terme de Carmichael, que le jazz est une musique inventée et jouée par les Noirs mais culturellement et économiquement «colonisée» par les Blancs. Tout au long de son histoire le jazz a été imité par les Blancs ce qui donnait lieu à des caricatures commerciales en opposition au vrai jazz noir dit « hot ». Car ce qui n'est pas accessible au Blanc, c'est l'appartenance à une double culture (américaine et africaine). Le Blanc n'a pas vécu la déportation, il n'a pas été contraint d'ingérer une masse d'éléments exogènes comme la religion, le système social, le langage, l'écriture, la morale, la culture, l'idéologie… Le jazz est une musique de tension, de divisions et de blessures non refermées.

ISegregation


Les Blancs exploitent les créations culturelles spécifiques du peuple noir américain et voient ainsi l'influence blanche partout et « ne peuvent donc pas accepter que les Noirs puissent être les seuls innovateurs du jazz ». D'autant plus que ce sont les Blancs qui détiennent la majeure partie des institutions économiques du monde du jazz (agence de réservation, compagnies d'enregistrement, boîtes de nuit, festivals, magazines, stations radio…). Les Noirs ne possèdent que leur talent. La situation coloniale est donc la suivante : les musiciens noirs travaillent pour enrichir ceux qui possèdent les moyens de production et de promotion.
Par ailleurs, le retours des conflits sociaux aux Etats-Unis et l'accession à la souveraineté des peuples dits sous-développés (les Noirs américains qui se tenaient autrefois pour privilégiés, s'estimèrent tout à coup, nous l'avons vu, les derniers colonisés) mirent fin au rêve d'une intégration sociale esquivée par les « boppers ». Ces derniers parvinrent relativement bien à imposer leur art à l'égal de celui des compositeurs qu'ils aimaient (Ravel, Stravinsky, Bartok). Noirs et Blancs pouvaient s'exprimer à égalité et se côtoyer à l'intérieur d'une même formation musicale. Le Be-bop traduisait la rage de vivre de la communauté noire dans un monde débarrassé de l'intolérance.



Jazz

Au commencement
L'organisation et la construction d'une musique de haut niveau sera toujours le but de chaque musicien. C'est valable pour les jazzmen du XXème siècle. Plus nous écoutons du jazz récent, plus il est construit et dur à comprendre.
C'est pourquoi connaître, même vaguement, l'histoire du jazz est nécessaire pour écouter le jazz contemporain.

L'entertainment
L'entertainement constitue une grande avancée dans l'universalisation du jazz aux Etats-Unis. "entertainement" signifie amusement ou plutôt loisir. C'est ce que les américains ont fait du jazz dans les années 30-40, ils allaient danser dans les clubs sur la musique des Big-Bands.

Louis Armstrong and Billie Holiday


Le Be-Bop
Le be-bop, ou be-bop, est un style de jazz qui est né et a prospéré dans les années 1940 et 1950. Les premiers enregistrements datent de 1945. Les thèmes de be-bop ont d'abord été joués avant d'être écrits.
Le be-bop est né de l'association de musiciens afro-américains qui, après leurs obligations contractuelles dans de grands-orchestres, souhaitaient se libérer en s'affranchissant de la discipline des big bands. Des formations plus réduites laissant plus de liberté dans l'interprétation et plus d'opportunités de jouer des solos.

Charlie Parker


Le bebop se singularise des autres styles de jazz par un tempo souvent très rapide, des phrasés péchus et des grilles harmoniques très fournies (les accords changent toutes les mesures voire très souvent plusieurs fois par mesure).Ce style demande donc une grande maîtrise technique de son instrument ainsi qu'une bonne oreille et une connaissance assez approfondie de la théorie musicale. Les musiciens du be-bop n'hésitèrent pas à enfreindre les lois communément acceptées concernant l'harmonie ou la mélodie, créant des sonorités souvent volontairement dissonantes et parfois difficiles à apprécier pour des oreilles profanes.
Le be-bop a marqué l'avènement du jazz en tant que courant artistique majeur reconnu par l'élite intellectuelle en tant que tel.

Le Cool Jazz
Le Cool Jazz est un courant de jazz apparu en 1944 crée par Miles Davis.
Il faut admettre que le vocable est discutable et ne recouvre pas un style précis et que des musiques très différentes se sont vues étiquetées comme du « cool jazz » (des expériences de Lennie Tristano aux reminiscences classiques du Modern Jazz Quartet et passant par l'inclassable quartet de Dave Brubeck). Plus qu'un véritable « style », le « cool jazz » c'est plutôt une approche plus calme ( «cool » = frais) et plus détendue du jazz, rompant avec la frénésie du bebop.

Miles Davis


Par tradition, on considère que le «cool jazz » est né en 1949 sous la houlette des musiciens regroupés par Miles Davis pour élaborer la musique de son nonette (Gerry Mulligan, Gil Evans, John Carisi, John Lewis,...). Les faces enregistrés pour des 78t par cette formation (et regroupées plus tard sur l'album titré « Birth of the cool »), les enregistrements de Gerry Mulligan avec son quartet ou son tentet, certains disques en petites formations de Shorty Rogers («Modern sounds» pour Capitol) sont représentatives de cette esthétique.
Le cool jazz est un jazz libre, rempli de silence et d'intensité. Il contient toute le Be-Bop dans ses phrasés, dans l'attitude des musiciens et c'est aussi une musique qui s'écoute facilement, que l'on peut apprécier dans tous les instants.

Le Hard Bop
Le Hard Bop (« bop dur ») est un courant musical appartenant au jazz qui s'est développé entre 1954 et 1960.
Le hard bop prend source dans un mouvement de reconnaissance par les noirs américains de leurs origines, appelé Black is beautiful (« Le Noir est beau ») : un retour aux sources de la musique, à l'Afrique et, en même temps, une réaction agressive (musicalement parlant) au cool jazz (d'où le terme « hard ») surtout dominé par les blancs. L'auteur américain David Rosenthal nota aussi que le hard bop était un développement naturel pendant une époque où des musiciens d'envergure (Tadd Dameron, par exemple) travaillaient et dans le jazz et dans le rhythm and blues.
Même si la plupart des acteurs de ce courant on fait leur apprentissage dans le style bebop (d'où le terme « bop »), ce genre musical incorpore les influences du rhythm and blues, du blues et du gospel, notamment dans les jeux du piano et du saxophone.

Tadd Dameron


Les morceaux de hard bop ont généralement un tempo plus lent que le bebop, et si le hard bop en reprend les innovations harmoniques, la part du rythme y est nettement plus marquée, sans doute en raison de la contribution majeure des batteurs Max Roach et Art Blakey. On y découvre d’ailleurs pour la première fois des batteurs compositeurs.
Le hard bop est généralement pratiqué par un quintette composé d’une section rythmique (pianiste, batteur et bassiste) et de deux "soufflants" — communément un saxophoniste ténor et un trompettiste — qui interprètent ensemble un thème entourant une série de solos improvisés tour à tour par chacun des musiciens sur l’harmonie du morceau.

Le Jazz Modal

e courant jazz modal s'est développé dans les années 1960. Les principaux acteurs de cette déclinaison du Jazz sont sans nul doute Miles Davis et Herbie Hancock avec des morceaux comme So what ou Cantaloupe Island.
Le Jazz Modal est né d'un certain désintérêt envers les grilles harmoniques complexes et enrichies des courants Bop, et a puisé dans les idées des musiques orientales et exotiques : un morceau de Jazz Modal contient souvent trois ou quatre accords, rarement plus, d'où son nom (modal : qui s'apparente aux modes - types de gammes caractéristiques), ce qui permet une extraordinaire liberté d'expression à l'improvisateur et un jeu « out » souvent très apprécié.
En 1959, le trompettiste Miles Davis enregistre Kind of Blue (disque de jazz le plus vendu dans le monde depuis sa parution) avec entre autres John Coltrane et le pianiste Bill Evans.




"So What" de Miles Davis avec John Coltrane



Le Free Jazz
Tous les jazz qui ont précédé le free jazz ont eu des conventions de jeu mais l'avant-garde des jazzmen a décidé au début des annés 60 de passer outre et de jouer le "jazz libre".
Habituellement, cette musique est jouée par de petits groupes de musiciens. Dans l'esprit populaire, le free jazz est lourd, agressif et dissonant. Beaucoup de critiques pensent que l'abandon des éléments familiers du jazz est dû à un manque de technique de la part des musiciens. Ce point de vue est devenu marginal et cette musique a pu se construire une forte tradition. Elle reste toutefois moins populaire que d'autres formes de jazz.
Le free jazz utilise les bases du jazz mais avec une composition moins structurée que les styles précédents. L'improvisation, par exemple, y tient une grande place, le free jazz étant d'ailleurs un des principaux « inspirateur » du genre improvisation libre. Cependant, le free jazz est beaucoup plus facile à caractériser par la comparaison, par ses différences d'avec les autres formes de jazz, sortes de tiroirs pratiques dans lesquels on range des genres très différents, tels que le ragtime des débuts, le swing, le be-bop, le jazz fusion, ou encore des styles plus récents tels que l'ethno-jazz, que par une définition nette.

John Coltrane


Ce genre de musique a influencé des artistes tels que Miles Davis, Tim Buckley (le père du tristement célèbre Jeff Buckley) ou encore Frank Zappa à un moment de leur parcours musical.
Le free jazz voulut être aussi une libération culturelle profonde pour les noirs américains, en rompant radicalement avec les schémas de la musique occidentale (musique tonale et rythme en binaire ou en ternaire). De la même manière que le bebop était une réaction à la popularité du swing, le free émerge comme pour contrer l'intérêt grandissant des blancs envers le soul jazz et autres musiques des années 50.
Cette idée peut se voir dans les approches des musiciens eux-mêmes, par exemple avec le disque d'Ornette Coleman, This is Our Music (1960). Le développement du bebop et du free jazz prennent des directions où la musique est plus intellectualisée, moins dansable, et moins commerciale, et aussi moins accessible aux blancs.
John Coltrane a mené sa carrière vers le free jazz et jusqu'a sa mort en 1967, il est allé vers une musique de plus en plus libre. Il représente bien l'avancée du free jazz.

Le Jazz-Rock Fusion
Le jazz-rock, appelé parfois jazz fusion , est un courant musical né à la fin des années 1960, sous l'impulsion simultanée du rocker Frank Zappa (Hot Rats, 1969) et du jazzman Miles Davis (Bitches Brew, 1970) inspirés par Jimi Hendrix.
Tous deux mêlent avec leur sensibilité propre les influences du jazz, du rock, du Rhythm and Blues, de la soul music, du funk et parfois de la musique classique.

Jaco Pastorius



Le grand Jaco Pastorius et "The Chicken"



Le Funk Jazz
Le jazz-funk est un style musical apparu aux États-Unis dans les années 1970, en général purement instrumental, mêlant la structure des morceaux de jazz (thème, succession de solos, thème), avec les rythmes syncopés et l'instrumentation du funk (cuivres, piano électrique, orgue Hammond, synthétiseur, basse électrique, parfois guitare électrique).
Dans les années 70, les jazzmen vont jouer la musique de leur temps. Herbie Hancock par exemple avec les Headhunters va mélanger funk et jazz. Cannoball Adderley aussi mettra son saxophone dans le funk vers la fin de sa carrière.
Herbie Hancock

En fait, ce mouvement préfigure la suite de l'histoire du jazz : l'adaptation des jazzmen vers la musique populaire. Cela ne les empêche pas d'improviser mais après les excès d'incompréhensibilité du free jazz, il est normal de rapprocher la musique de ceux qui l'écoutent.

La fin du siècle
Depuis les années 80, le jazz est dans un même mouvement. La commercialisation de plus en plus poussée et le besoin de reconnaissance des musiciens a crée un jazz plus populaire mais sans pour autant emprunter l'esthétique d'un autre genre. Michel Petrucciani, par exemple, est capable de retenir l'attention d'un public non connaisseur en jouant seul sur son piano. DeeDee Bridgewater, par le chant, démocratise le jazz tout en gardant l'improvisation reine dans ses morceaux. Des autres styles de Jazz sont apparus aprés comme le Rap/Jazz (Miles Davis, Doo-Bop, 1991; ou Jazzmatazz, 1992), l'Acid Jazz (Jamiroquai, Emergency on Planet Earth, 1992), ...
Marcus Miller

C'est une époque de compromis. Plus personne n'accepterait aujourd'hui d'enregistrer un album pour 600 francs francais/ 95 euros (somme que John Coltrane et Miles Davis ont reçu pour Kind of Blue). Il faut jouer de la musique pour tout le monde et seulement certains interprètes arrivent à ne pas y sacrifier leur musique.

Marcus Miller, et une reprise de Stevie Wonder "Higher Ground"



Conclusion
C'est à vous et à tous les musiciens d'aujourd'hui de créer un nouveau jazz, innover pour mieux diffuser. Les musiciens des années 60 n'ont pas su diffuser le free jazz, peut-être est-ce à nous de faire comprendre à la majorité le sens de cette musique. Même si vous n'êtes pas musicien, il n'y a que quelques pas à faire pour comprendre le jazz et le faire partager. Respecter la musique que l'on écoute en est le premier.